CENTRE EUROPEEN DES TEXTILES INNOVANTS.

FILIÈRE

Innovation et formation, armes du futur pour le textile régional

Le Centre européen des textiles innovants ouvrira le 10 octobre 2012 à Tourcoing. PHOTO ARCHIVES STÉPHANE MORTAGNE.

D'ici à 2020, 45 % des ouvriers du textile seront en retraite. Même en crise, la filière a de sérieux besoins en main-d’œuvre. Innovation et formation sont les maîtres mots.

Avec ses 15 000 salariés répartis dans 430 entreprises, le textile du Nord - Pas-de-Calais a définitivement tourné le dos à son âge d'or qui faisait vivre, il y a encore 25 ans, plus de 100 000 personnes. Pour autant, la deuxième région textile de France (25 % de l'activité nationale) a un futur. Et des ambitions.

> Le CETI, labo du futur. Le Centre européen des textiles innovants, porté par le pôle de compétitivité Up-Tex(voir ci-dessous) ouvrira ses portes le 10 octobre 2012. Le bâtiment flambant neuf s'élève déjà à l'entrée de la zone de l'Union entre Tourcoing et Roubaix. Le site Internet sera mis en ligne dans quelques jours. Les premières machines (du filage tri composant) arriveront d'ici à la fin de l'année. Cette vitrine et ce laboratoire des textiles du futur (que l'on retrouve dans l'habillement, le bâtiment, l'aéronautique, le médical) veut placer notre région à nouveau au cœur de la planète textile.

> Pôle d'excellence et fonds d'investissement. Créé en juin, le pôle d'excellence régional textile souhaite coordonner les actions régionales dans les domaines de la mode et des textiles techniques. « Il y avait un saupoudrage d'actions, il est maintenant nécessaire d'apporter de la cohérence », explique Bertrand Delesalle, président de l'Union des industries textiles du Nord (UIT).

Pour soutenir l'innovation et le rapprochement des PME, l'UIT, l'URIC-Uni Maille (le syndicat professionnel de l'habillement) et FINORPA ont créé au premier semestre 2010 le Fonds d'investissement Textile et Habillement (FITH). Doté de 5 millions d'euros, il permet l'octroi de prêts participatifs. Depuis sa création, 7 dossiers ont été retenus, concernant 450 emplois.

> L'enjeu de la formation. Signé en juin, le Contrat de plan régional de la formation professionnelle (CPRFDFP) est décliné au sein de la filière textile, confrontée à un déficit d'image et d'attractivité de ses métiers et formations. Et ce malgré la présence à Roubaix de la prestigieuse ENSAIT, École nationale supérieure des arts et industries textiles (390 étudiants internationaux et 40 doctorants).

Grâce au contrat de plan, la filière va enfin pouvoir créer la plateforme technologique qu'elle appelait depuis longtemps de ses vœux. Celle-ci devrait voir le jour en juin 2012 au sein de l'École supérieure des arts appliqués textiles de Tourcoing. Cette plateforme de ressources mettra à disposition du matériel (filature, tissage, ennoblissement) pour l'ensemble des formations textiles régionales (du CAP à l'ingénieur en passant par l'apprentissage), mais aussi pour les entreprises qui veulent faire du prototypage. « Nous voulons créer un véritable cluster (pôle d'excellence) textile », explique Bertrand Delesalle.

Un équipement qui sera complété par la création de la Cité de l'initiative à Roubaix, dans des anciens locaux en friche de l'ENSAIT, et qui regroupera en un même lieu des centres de formations en textile et habillement (Informa et CIA GAFIT).

Plus que jamais, le textile joue la carte de la mutualisation.                 

Le CETI, à l'architecture soignée, abritera des laboratoires de recherche sur les tissus du futur.

Sur le front des équipements, 2012 sera une année décisive pour la métropole lilloise. Nous vous proposons d'en dresser un tour d'horizon. Aujourd'hui, le Centre européen des textiles innovants (CETI). Il est sorti de terre cette année. C'est le premier bâtiment neuf du futur quartier de l'Union (entre Tourcoing, Roubaix et Wattrelos). Son inauguration est prévue en octobre. Il a pour ambition de devenir une référence mondiale en termes de recherche sur les textiles du futur. Et de servir de locomotive à l'économie locale.

1. Le CETI, c'est quoi ?
Un centre de recherche sur les textiles innovants, comme le dit son nom. Implanté sur le site de l'Union, sur un terrain de 20 000 m², il associera, sur 12 000 m², deux bâtiments : une halle technologique abritant des ateliers pilotes et des laboratoires d'essais d'une part, un bâtiment tertiaire regroupant des centres de ressources pour les entreprises de la filière d'autre part.

2. Pour quoi faire ?
Concrètement, il faut comprendre qu'aujourd'hui, le textile, ce n'est plus seulement l'habillement, « même si évidemment, on continuera à acheter des vêtements », sourit Michel-François Delannoy, maire de Tourcoing. Les fibres textiles sont utilisées dans de nombreux domaines, comme les airbags, les sièges auto, les implants médicaux, les pansements, les canapés, les cordes de tennis, etc.

Tout l'enjeu du CETI sera de servir de moteur pour la recherche dans ces domaines. « Il ne faut plus penser le textile comme un produit, mais plutôt se demander à quoi il va servir. » Même les domaines de l'aérospatiale et de la construction (l'isolation textile serait particulièrement efficace) sont concernés par le textile innovant.

3. Qui sera installé au CETI ?
Au cours de l'année 2012, le pôle de compétitivité Up Tex et l'Institut français du textile et de l'habillement (actuellement à Villeneuve-d'Ascq) y implanteront leurs bureaux et laboratoires.

4. Quel calendrier pour 2012 ?
Les premières installations donc, et surtout l'inauguration début octobre. « À cette date, Tourcoing accueillera un colloque mondial et une convention d'affaires des entreprises du secteur. L'exposition "FuturoTextiles" sera également présentée. »

Michel-François Delannoy se félicite que sa ville soit sur le point de reprendre sa place parmi les leaders mondiaux du textile grâce au CETI. « C'est un clin d'œil de l'histoire car en 1906, déjà, on avait organisé la première exposition internationale textile. »

5. Un avenir, vraiment ?
Pour les promoteurs du projet, évidemment. « L'histoire du textile n'est faite que de phases de croissance et de crise. C'est vrai qu'on sort d'une phase très lourde de désindustrialisation. Mais le génie tourquennois, c'est de toujours avoir réussi à réinventer notre industrie, s'enthousiasme le maire. Dans l'histoire, on a toujours fonctionné comme cela. Quand Lille ou Bruges se sont emparées de l'industrie du drap, on est passés au coton. C'est un processus de repositionnement permanent. »

Reste à réussir à attirer autour de ce centre high-tech des entreprises de création de prototypes, de production, pour tester grandeur nature les recherches des laboratoires. Et ainsi générer de l'emploi industriel. •