HISTOIRE DE LIN.

Du lin, il en veut partout.

Sur la table : un casque, une raquette de tennis, un morceau de poutre de bateau, une genouillère, du papier peint, un morceau de tissu utilisé dans des skis, un barreau d’échelle ; dans son bureau, un poteau d’éolienne ; sur son ordinateur, des intérieurs de voiture, un ukulele, une enceinte sono. Rien que des produits fabriqués en partie avec de la fibre de lin : des produits biosourcés, loin, bien loin de l’usage traditionnel du lin dans le textile. Nicolas Malaquin, 31 ans, a travaillé chez Safilin (filateur de lin et de chanvre à Sailly-sur-la-Lys) pendant plusieurs années avant de lancer sa petite entreprise. Flaxcomposites (composites de lin) « incube » à Tourcoing dans les locaux du Centre européen des textiles innovants. Il y joue les « facilitateurs », de la bonne idée à l’industrialisation d’un produit. Il a été contacté par des Australiens pour travailler sur une planche de surf, a travaillé sur une prothèse orthopédique pour l’hôpital de Bruxelles, tout en travaillant à sa propre gamme (un composite de liège et de lin 100 % biosourcé) car, selon Nicolas Malaquin, nous avons tout à gagner à miser sur cette matière « made in Nord-Pas-de-Calais ». 1. Le lin a toutes les qualités, bien au-delà de son côté naturel : la fibre est légère, « deux fois plus que la fibre de verre » (fabriquée à base de pétrole) et elle absorbe les vibrations, d’où son usage dans les articles de sport et les enceintes. Elle est résistante, combinée à une résine qui peut elle aussi être naturelle (comme avec l’amidon) et esthétique. Le lin peut adopter toutes les teintes, jusqu’à jouer la transparence dans un luminaire, et épouser toutes les formes lorsque la fibre est thermoformée. Le lin est déjà utilisé dans le mobilier. 2. Le lin est écologique : il se cultive en cent jours et rien ne se jette, tout se recycle, jusqu’aux résidus. « C’est une matière plus renouvelable que le bois. » 3. La France, avec la Normandie et le Nord - Pas-de-Calais en est le premier producteur en Europe. Les bons côtés de sa météo. « On a donc déjà toute une filière dans la région sur laquelle s’appuyer. À Dunkerque, par exemple, est fabriqué ce papier peint qui remplace avantageusement la fibre de verre pour régulariser un mur. Il est peut-être plus cher à l’achat mais vous n’avez pas à l’enduire ou à le peindre, même si vous le pouvez. » Aujourd’hui, 80 % de la fibre de lin part en Chine « ce ukulele est fabriqué à San Francisco ! ». Nicolas Malaquin veut maintenant passer de son rêve de lin à la réalité. S. L.